Eh oui, encore un article sur les droits des femmes ! Bon, la genèse, vous la connaissez, vous adhérez ou vous la décriez, mais vous savez qu’un discours sur l‘égalité n’est jamais sans conséquence à la machine à café ! Je pourrais vous parler de la sous-représentativité des femmes dans le numérique, en France comme en Europe, du rôle des pionnières de l’Internet passé sous silence… mais non, je vais vous parler d’inclusivité. Et plus précisément de site inclusif. Et d’écriture inclusive of course.
L’inclusivité ne concerne pas que le genre mais ce terme au goût d’égalité est devenu revendicatif. L’inclusivité dans les médias, la presse en ligne, les sites vitrines, les sites e-commerce, etc. : vous la voyez ? Vous voyez le point médian, ou une pâle copie, qui déchaine les passions, mais l’inclusivité, la vraie ? Et bien non, parce qu’elle est encore très timide, parce qu’elle fait peur, parce qu’elle n’est encore qu’un point dans l’océan.
C’est quoi un site inclusif ?
Commençons par le commencement. Un site inclusif est un site qui parle à tout le monde, et qui est consultable par tout le monde.
Un site inclusif est un site qui parle autant aux femmes qu’aux hommes même s’il est plus simple et plus SEO compatible d’écrire au masculin (nous y reviendrons plus tard). C’est un site qui dit non à l’invisibilisation, un site qui est accessible à tous. Ça passe par un design adapté (couleurs, taille des éléments et de la police), des photos représentatives de tous, et du contenu textuel non genré.
Vous me voyez venir, je vais enchainer avec l’écriture inclusive. Ne partez pas, ça va bien se passer…
C’est quoi l’écriture inclusive ?
D’abord un scoop : l’écriture inclusive ce n’est pas le point médian.
L’écriture inclusive c’est une façon de communiquer moins stéréotypée, plus représentative de la réalité des individus, moins invisibilisante pour les femmes (entre autres). C’est « Madame, Monsieur ». C’est la base d’un site inclusif.
Le point médian est un outil pour une écriture inclusive, au même titre que le langage épicène.
Ces éléments sont-ils compatibles avec les exigences qu’implique un site internet, notamment le référencement naturel ou SEO ? Nous allons tenter d’y voir plus clair.
SEO : Sexisme ou facilité ?
La rédaction web, et plus précisément la rédaction optimisée pour le référencement naturel ou SEO, s’appuie sur un impératif essentiel : elle doit répondre aux habitudes de recherche des internautes. Or les habitudes de recherche des internautes se résument dans la grande majorité en un seul mot : masculin.
- Parce que l’on a appris depuis l’enfance que le masculin l’emporte grammaticalement parlant.
- Parce que c’est plus court.
Quelle qu’en soit la raison, l’utilisation du masculin comme valeur par défaut nous amène sans nous en rendre compte à voir le monde à travers un prisme masculin. Nous revoilà à donc à reparler d’égalité et de visibilité.
L’objectif du SEO étant de rendre un site visible sur Internet, on n’a d’autres choix que de coller aux habitudes des internautes. Donc pour être visible, un site doit présenter des mots qui correspondent à leur recherche, ce qui revient à écrire en utilisant le masculin : c’est le serpent qui se mord la queue.
On pourrait dire que le SEO est sexiste. Bien sûr ce n’est pas tout à fait ça, puisque le SEO se base sur les habitudes de recherche des internautes. Ce sont les internautes qui sont sexistes alors ? D’aucuns pourraient le penser. Mais on peut avancer une théorie plus simple : l’internaute choisit la facilité. On ne peut pas le blâmer, c’est plus direct et plus rapide d’utiliser un terme dit générique (comprenez masculin).
Comment combiner référencement et écriture inclusive ?
Dans ce cas sommes-nous condamné·e·s à utiliser un langage exclusif ?
Et bien non. Il est possible d’utiliser l’écriture inclusive dans un site internet sans perdre en efficacité SEO. Oui, il est possible de créer un site inclusif qui est optimisé pour le référencement naturel ! La solution ? Tout d’abord un peu de bonne volonté et une connaissance plus éclairée des possibilités pour étoffer votre contenu web.
Prenons par exemple le terme rédacteur web, qui n’est pas neutre. Pour le rendre inclusif, vous pouvez le décliner sous diverses formes :
- Rédacteur·trice web
- Rédacteur(trice) web
- Rédacteur/trice web
- Rédacteur/Rédactrice web
- Rédactrice ou rédacteur web
- Le ou la spécialiste en rédaction web
?
Vous voulez essayer mais vous avez besoin d’un coup de pouce ? Testez l’écriture inclusive par ici.
Revenons à notre site inclusif et optimisé SEO. Rappelons qu’un site internet, pour être visible, doit donner aux internautes ce qu’ils cherchent. Donc pour qu’il soit à la fois inclusif et visible par les algorithmes des moteurs de recherche, il est important de jouer sur plusieurs tableaux : les mots clés et le reste du contenu.
Un site inclusif peut utiliser dans le contenu web :
- Des termes génériques : « clientèle », « spécialiste »…
- L’association des termes féminins et masculins : « rédactrice et rédacteur », « étudiante et étudiant », « mesdames et messieurs »…
- L’article double (accord avec le nom le plus proche) : « la ou le rédacteur », « le ou la logeuse »…
- Le point médian : « les majeur·e·s de promo »
Un site inclusif et optimisé SEO doit en plus :
- S’appuyer sur des mots clés qui répondent aux habitudes de recherche des internautes : ce qui implique de ne pas utiliser avec eux n’importe quelle technique d’écriture inclusive. Je m’explique : lorsqu’un internaute fait une recherche (vocale ou écrite) pour trouver un salon de coiffure, il va utiliser « coiffeur à Rennes » et non « coiffeur·se à Rennes ».
- Présenter des urls et balises H1, H2, H3 (et autres balises méta) contenant des mots clés : ce qui signifie ici aussi opter pour une écriture inclusive simple. Si votre mot clé est « client » (vous souhaitez être référencé·e sur ce terme), utilisez dans vos balises « client » ou « client et cliente » et gardez « client·e » pour le reste du contenu web.
Résumé pour ceux qui n’ont pas suivi : pour positionner votre site inclusif sur une requête efficace, soyez subtil dans l’utilisation de l’écriture inclusive.
Référencement naturel et écriture inclusive, c’est si simple que ça ?
Oui et non. Il existe encore des points qui font douter les afficionados de l’utilisation du masculin comme valeur par défaut (je parle toujours de SEO) :
- Les logiciels de lecture : ils ne lisent pas correctement le point médian. Et alors me direz-vous, maintenant que vous avez lu cet article ? Car oui, vous savez désormais que vous n’êtes pas obligé·e d’utiliser le point médian dans vos contenus web lorsque vous utilisez l’écriture inclusive. Toutefois nous sommes en droit d’imaginer que ces logiciels pourraient facilement être mis à jour si l’utilisation du point médian venait à se généraliser.
- Google : a priori il analyse le point médian comme un espace (attention, le vrai point médian, le alt250 ou le alt0183). Là encore, une mise à jour pourrait être envisagée. Mais vous pouvez opter pour une écriture inclusive sans point médian.
- La lisibilité : certain·e·s évoquent une certaine lourdeur à lecture. A vous, rédactrices et rédacteurs de contenus, de jouer avec les tournures. Vous pouvez aussi commencer (si vous êtes rebelle) par utiliser le point médian par toutes petites touches (le vrai point médian, pas un simple point qui viendrait fermer la phrase en plein milieu d’un mot et anéantirait tout sens).
Note : L’inclusivité est évidemment un sujet bien plus large que celui traité dans cet article. Elle permet ici d’évoquer l’égalité femme – homme et l’écriture inclusive mais ne saurait être réduite au contenu de cet article.